1894-1896: Les premiers massacres
Les massacres d’Arméniens n’ont pas commencé avec le gouvernement Jeune-Turc, arrivé au pouvoir après la révolution de 1908. Alors que l’ensemble des peuples non musulmans -qui ont le statut de dhimmi- sont discriminés, à partir de 1878, le sultan Abdülhamid II se focalise sur la population arménienne, soupçonnée de manquer de loyauté et de nourrir des projets d'autonomie. «Entre 1894 et 1896, environ 200.000 Arméniens sont massacrés en Anatolie centrale et orientale», explique Mikaël Nichanian.
24 avril 1915: L’arrestation des élites à Constantinople (aujourd'hui Istanbul)
La discrimination que subissent les Arméniens est exacerbée après la prise du pouvoir par les Jeunes-Turcs, qui cultivent un nationalisme radical turco-musulman. Les défaites militaires de l’Empire -lors des guerres balkaniques de 1912, mais aussi après son entrée dans la Première Guerre mondiale en octobre 1914 (face aux Russes à Sarikamish en janvier 1915, à Suez face aux Britanniques en février 1915...)- jouent aussi un rôle dans le déclenchement du processus génocidaire. «La thèse habituelle pour expliquer les arrestations du 24 avril est la volonté de décapiter la communauté arménienne pour la priver de moyens d’action, note Mikaël Nichanian. Mais, contrairement à ce que clamait le gouvernement, il n’y avait pas de “révolte arménienne“. Mais ces arrestations permettaient d’étayer le soupçon de complot arménien.»
Mai-septembre 1915: Massacres et déportations
Après ces arrestations, une loi spéciale autorise le 26 mai la déportation des Arméniens «pour des raisons de sécurité intérieure». «Les hommes sont massacrés et les femmes et les enfants sont déportés d’Anatolie et de Cilicie vers les déserts de Mésopotamie», dans l’actuelle Syrie. En chemin, une partie des déportés est massacrée, quand d’autres tentent de survivre dans des conditions extrêmes. A l’été 1915, les ambassadeurs européens et américains à Istanbul (qui avaient déjà publié en mai une mise en garde contre les «crimes de la Turquie contre l'humanité et la civilisation», menaçant les autorités turques de poursuites judiciaires après guerre) «comprennent que la déportation est en fait le masque d’un processus d’extermination», souligne Mikaël Nichanian.
Eté 1916: L’élimination des rescapés
Début 1916, une deuxième phase génocidaire est décidée par les autorités turques. «Entre juillet et septembre, 200.000 rescapés des déportations vont être assassinés par des milices tchétchènes dans le désert syrien, sur des “sites abattoirs“, au nord-est de Deir Ez-Zor», indique Mikaël Nichanian.
Mai-septembre 1918: La troisième phase du génocide
«A partir de mai 1918, les autorités ottomanes, qui tentent de conquérir le Caucase russe, vont se livrer à des massacres d’Arméniens et d’Assyro-Chaldéens. Des massacres auront également lieu dans le nord de l’Iran.» Ce programme d’extermination sera stoppé par la reddition de l'Empire ottoman aux forces de la Triple Entente (Grande-Bretagne, Russie et France), le 30 octobre 1918, lors de l’armistice de Moudros. En 1919, un tribunal militaire à Constantinople reconnaît plusieurs hauts responsables ottomans –absents– coupables de crimes de guerre, y compris contre les Arméniens, et les condamne à mort par contumace.
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